Page:Verne - Hier et demain, 1910.djvu/210

Cette page a été validée par deux contributeurs.
198
HIER ET DEMAIN.

j’attendis impatiemment le résultat de ces manœuvres et de ces réclames qui m’intéressaient au plus haut point. Je recueillais les moindres nouvelles sur l’entreprise d’Augustus Hopkins, et je lisais les journaux qui nous en entretenaient chaque jour. Un premier départ d’ouvriers avait eu lieu, et les ruines du fort William commençaient à disparaître. Il n’était plus question que de ces travaux dont le but excitait un véritable enthousiasme. Les propositions arrivaient de tous côtés, de New-York comme d’Albany, de Boston et de Baltimore. Les « musical instruments », les « daguerreotype pictures », les « abdominal supporters », les « centrifugal pumps », les « squave pianos » s’inscrivaient pour figurer aux meilleures places, et l’imagination américaine allait toujours bon train. On assura qu’autour de l’Exposition s’élèverait une ville tout entière. On prêtait à Augustus Hopkins le projet de fonder une cité rivale de la Nouvelle-Orléans et de lui donner son nom. On ajouta bientôt que cette ville, fortifiée bien entendu à cause de sa proximité de la frontière, ne tarderait pas à devenir la capitale des États-Unis ! etc., etc.

Pendant que ces exagérations couraient et se multipliaient dans les cerveaux, le héros du mouvement demeurait à peu près silencieux. Il venait régulièrement à la Bourse d’Albany, s’enquérait des affaires,