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LA FAMILLE RATON.

luttes. Vous avez dans le prince Kissador, bien qu’il soit le plus sot des princes, un ennemi puissant. Et, si Gardafour recouvrait son pouvoir avant que vous ne fussiez l’époux de la belle Ratine, il me serait difficile de le vaincre, car il serait redevenu mon égal. »

La fée Firmenta et Ratin en étaient là de leur conversation, lorsqu’une petite voix se fit entendre. D’où sortait cette voix ? Cela semblait difficile à deviner.

Et cette voix disait :

« Ratin !… mon pauvre Ratin… je t’aime !…

— C’est la voix de Ratine, s’écria le beau jeune homme. Ah ! madame la fée, ayez pitié d’elle ! »

En vérité, Ratin était comme fou. Il courait à travers la salle, il regardait sous les meubles, il ouvrait les dressoirs dans la pensée que Ratine pouvait y être cachée, et il ne la trouvait pas !

La fée l’arrêta d’un geste.

Et alors, mes chers enfants, il se produisit quelque chose de singulier. Il y avait sur la table, rangées dans un plat d’argent, une demi-douzaine d’huîtres qui venaient précisément du banc de Samobrives. Au milieu se voyait la plus jolie, avec sa coquille bien luisante, bien ourlée. Et la voilà qui grossit, s’élargit, se développe, puis ouvre ses deux valves. Des plis de sa collerette se dégage une adorable figure, avec des cheveux blonds comme les blés, deux yeux,