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LE HUMBUG.

immenses caisses renfermaient sans doute des outils, des machines, en vue de ses constructions.

Dès que cette nouvelle se répandit à la Bourse d’Albany, les négociants s’en préoccupèrent au plus haut point. Chacun d’eux chercha à s’entendre avec le grand entrepreneur pour lui arracher des promesses d’actions. Mais Hopkins répondait évasivement à toutes les demandes. Cela n’empêcha pas un cours fictif de s’établir pour ces actions imaginaires, et l’affaire commença dès lors à prendre une extension énorme.

« Cet homme, me dit un jour Mr. Wilson, est un spéculateur très habile. J’ignore s’il est millionnaire ou gueux, car il faut être Job ou Rothschild pour tenter de telles entreprises, mais il fera certainement une immense fortune.

— Je ne sais plus que croire, mon cher Mr. Wilson, ni lequel des deux admirer, de l’homme qui ose de semblables affaires, ou du pays qui les soutient et les préconise, sans en demander davantage.

— C’est ainsi que l’on réussit, mon cher Monsieur.

— Ou qu’on se ruine, répondis-je.

— Eh bien, répliqua Mr. Wilson, sachez qu’en Amérique une faillite enrichit tout le monde et ne ruine personne. »

Je ne pouvais avoir raison contre Mr. Wilson que par les faits eux-mêmes. Aussi,