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LE HUMBUG.

nous en arrivâmes à parler de ces excentricités de villes entières, dont on s’est fort occupé en Europe.

« Vous faites allusion, me dit Mr. Wilson, à notre attitude à l’égard de la célèbre Lola Montès ?

— Sans doute, répondis-je. Il n’y a que les Américains qui aient pu prendre au sérieux la comtesse de Lansfeld.

— Nous la prenions au sérieux, répondit Mr. Wilson, parce qu’elle agissait sérieusement, de même que nous n’accordons aucune importance aux affaires les plus graves, lorsqu’elles sont traitées légèrement.

— Ce qui vous choque sans doute, dit Mrs. Mervil d’un ton moqueur, c’est que Lola Montès, entre autres choses, ait visité nos pensionnats de jeunes filles ?

— J’avouerai franchement, répondis-je, que le fait m’a paru bizarre, car cette charmante danseuse n’est pas un exemple à proposer aux jeunes filles.

— Nos jeunes filles, répliqua Mr. Wilson, sont élevées d’une façon plus indépendante que les vôtres. Quand Lola Montès visita leurs pensionnats, ce ne fut ni la danseuse de Paris, ni la comtesse de Lansfeld de Bavière, qui s’y présenta, mais une femme célèbre dont la vue ne pouvait être que très agréable. Il n’en résulta aucune fâcheuse conséquence pour les enfants qui l’observaient avec curiosité. C’était une