— Tout, reprit Ratin, car, pour arriver à ses fins, il s’est adressé à Gardafour…
— Cet enchanteur, s’écria Firmenta, ce mauvais génie qui ne se plaît qu’à faire le mal, et avec lequel je suis toujours en lutte ?…
— Lui-même, bonne fée !
— Ce Gardafour, dont la redoutable puissance ne cherche qu’à ramener au bas de l’échelle les êtres qui s’élèvent peu à peu vers les plus hauts degrés ?
— Comme vous dites !
— Heureusement, Gardafour, ayant abusé de son pouvoir, vient d’en être privé pour quelque temps.
— Cela est vrai, répondit Ratin ; mais, au moment où le prince a eu recours à lui, il le possédait encore tout entier. Aussi, alléché par les promesses de ce seigneur, autant qu’effrayé de ses menaces, promit-il de le venger des dédains de la famille Raton.
— Et il l’a fait ?…
— Il l’a fait, bonne fée !
— Et comment ?
— Il a métamorphosé ces braves rats ! Il les a changés en huîtres. Et maintenant ils végètent sur le banc de Samobrives, où ces mollusques, — d’excellente qualité, je dois le dire, — valent trois francs la douzaine, ce qui est bien naturel, puisque la famille Raton se trouve parmi eux ! Vous voyez, bonne fée, toute l’étendue de mon malheur !