voyage d’affaires, comme mon porte-manteau suffisait à contenir tout mon nécessaire et mon superflu, comme mon esprit ne se préoccupait ni de spéculations à tenter, ni de marchés à surveiller, je flânais à travers mes pensées, m’en remettant au hasard, cet ami intime des touristes, du soin de rencontrer en route quelque sujet de plaisir et de distraction, quand j’aperçus à trois pas de moi Mrs. Melvil, qui souriait de l’air le plus charmant du monde.
« Quoi ! vous, Mistress, m’écriai-je avec une surprise que ma joie seule pouvait égaler, vous affrontez les dangers et la foule d’un steamboat de l’Hudson !
— Sans doute, cher Monsieur, me répondit Mrs. Melvil en me donnant la main à la façon anglaise. D’ailleurs, je ne suis pas seule ; ma vieille et bonne Arsinoé m’accompagne.
Elle me montra, assise sur un ballot de laine, sa fidèle négresse qui la considérait avec attendrissement. Le mot attendrissement mériterait d’être souligné dans cette circonstance, car il n’y a que les domestiques noirs qui sachent regarder ainsi.
— Quelque secours et quelque appui que puisse vous prêter Arsinoé, Mistress, dis-je, je m’estime heureux du droit qui m’appartient d’être votre protecteur pendant cette traversée.