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HIER ET DEMAIN.

— Qu’est-il donc arrivé ? demanda la fée avec le plus vif intérêt.

— Et d’abord, je suis devenu homme, tandis que Ratine restait rate.

— Eh bien, répondit Firmenta, attendez que sa dernière transformation en ait fait une jeune fille…

— Sans doute, bonne fée ! Malheureusement Ratine avait été remarquée par un puissant seigneur. Habitué à satisfaire ses fantaisies, il ne souffre pas la moindre résistance. Tout doit plier devant ses volontés.

— Et quel était ce seigneur ? demanda la fée.

— C’était le prince Kissador. Il proposa à ma chère Ratine de l’emmener dans son palais, où elle serait la plus heureuse des rates. Elle s’y refusa, bien que sa mère Ratonne fût très flattée de la demande. Le prince tenta alors de l’acheter à haut prix ; mais le père Raton, sachant combien sa fille m’aimait, et que je mourrais de douleur si l’on nous séparait, ne voulut point y consentir. Je renonce à vous peindre la fureur du prince Kissador. Voyant Ratine si belle en rate, il se disait qu’elle serait encore plus belle en jeune fille. Oui, bonne fée, plus belle encore ! Et il l’épouserait !… Ce qui était bien raisonné pour lui, mais bien malheureux pour nous !

— Oui, répondit la fée, mais, puisque le prince a été éconduit, qu’avez-vous à craindre ?