Page:Verne - Hier et demain, 1910.djvu/172

Cette page a été validée par deux contributeurs.
160
HIER ET DEMAIN.

la cheminée et de la fumée de quelques sarments restés dans l’âtre, terrifié par le spectacle qu’il avait sous les yeux.


IX


À la lourde table occupant le centre de la salle, un homme était assis, qu’un autre homme, debout derrière lui, étranglait, dans un grand effort de tout son être. C’est le premier qui, se sentant saisi par le cou, avait crié d’abord, râlé ensuite. C’est de la poitrine du second que s’échappait ce rauque souffle d’athlète s’épuisant à vaincre un adversaire. Dans la lutte, une chaise était tombée.

Devant l’homme assis, un encrier, du papier à lettres, montraient qu’il était en train d’écrire quand son ennemi l’avait surpris. À portée de sa main, sur la table, une sacoche entr’ouverte laissait apercevoir les papiers dont elle était pleine.

La scène ne durait que depuis une minute à peine, et elle s’achevait déjà. Déjà l’homme assis avait cessé de se débattre, et l’on ne percevait plus que le halètement du meurtrier. La scène, d’ailleurs, n’aurait pu se prolonger davantage. Le cri de la victime avait été entendu. On s’agitait au dehors. Dans une chambre du premier étage de l’auberge, desservi par une galerie de bois, à laquelle on accédait pur un escalier pre-