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LA DESTINÉE DE JEAN MORÉNAS.

le sens nécessaire. Décidément, rien n’avait été changé. La poignée obéit, et la plaque, avec un grondement sourd, s’écarta sous la poussée.

Jean s’introduisit par cet hiatus, puis, l’ayant refermé, reprit haleine.

Il convenait d’agir avec une prudence croissante. Un rayon de lumière filtrait dans la cachette par le pourtour de la plaque intérieure, et un bruit de voix venait de la grande salle. On ne dormait pas encore dans l’auberge. Avant de se montrer, il était nécessaire de savoir à qui on aurait affaire.

Malheureusement, Jean eut beau appliquer son œil tout autour de la plaque, il lui fut impossible de rien apercevoir. De guerre lasse, il se décida à l’entre-bailler à tout risque…

À ce moment précis, un vacarme s’éleva dans la grande salle. Ce fut d’abord un cri déchirant, un cri d’appel et d’agonie, immédiatement suivi d’une sorte de râle, puis il y eut des halètements, pareils à des souffles de forge, comme en pousseraient deux lutteurs aux prises, qu’accompagna le fracas d’un meuble renversé.

Jean, après un court instant d’hésitation, pesa sur la poignée. La plaque pivota, découvrant dans toute son étendue la salle commune de l’auberge.

Au moment de s’y élancer, Jean recula sous la protection de l’ombre emplissant