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LA DESTINÉE DE JEAN MORÉNAS.

repas réconfortant dans une guinguette.

Neuf heures sonnaient, et l’obscurité était profonde quand il atteignit les maisons de Sainte-Marie-des-Maures. Par les ruelles désertes et silencieuses, Jean se glissa, sans être vu de personne, jusqu’à l’auberge de l’oncle Sandre.

Comment s’y introduire ? Par la porte ? Assurément non. Savait-il qui se trouvait dans la grande salle, et si, derrière la porte, il n’allait pas se heurter à un ennemi ? D’ailleurs, l’auberge appartenait-elle toujours à Marguerite ? Pourquoi, depuis tant d’années écoulées, n’aurait-elle pas passé en d’autres mains ?

Fort heureusement, il avait un meilleur et plus sur moyen que la porte d’entrer dans la place.

Il n’est pas rare que les mas provençaux possèdent des issues secrètes permettant à leurs habitants d’entrer et de sortir incognito. Ces « trucs », plus ou moins ingénieux selon le cas, ont sans doute été imaginés au cours des guerres de religion qui ont mis cette contrée à feu et à sang. Rien de plus naturel que les contemporains de ces époques troublées aient cherché des procédés pour échapper, le cas échéant, à leurs ennemis.

Le secret de l’auberge de l’oncle Sandre, secret resté bien certainement ignoré du propriétaire, Jean et Marguerite l’avaient découvert au hasard de leurs jeux d’enfants,