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LA DESTINÉE DE JEAN MORÉNAS.

dernier crut entendre le pas de plusieurs chevaux. Il monta sur un talus pour dominer la route, mais la courbe de celle-ci l’empêcha de rien voir. Cependant, il ne pouvait s’être trompé. Se couchant, l’oreille près de terre, il s’efforça de reconnaître le bruit qui l’avait frappé.

Avant qu’il se fût relevé, M. Bernardon s’était précipité sur lui. En un tour de main, Jean se vit bâillonné et étroitement ligoté.

Au même instant, deux gendarmes à cheval débouchaient sur la route. Ils arrivèrent à la hauteur de M. Bernardon qui maintenait solidement son prisonnier ahuri. L’un d’eux interpella le Marseillais :

« Eh là, l’homme ! Que signifie ceci ?

— C’est un forçat évadé, gendarme, un forçat évadé que je viens de prendre, répondit M. Bernardon.

— Oh ! oh !… fit le gendarme. Celui de cette nuit ?

— Ça se peut bien. En tout cas, lui ou un autre, je le tiens.

— Une bonne prime pour vous, camarade !

— Ça n’est pas de refus, sans compter que ses habits n’appartiennent pas à la chiourme. On me les donnera par-dessus le marché.

— Avez-vous besoin de nous ? demanda l’un des gendarmes.

— Ma foi non ! Il est solidement amarré, et je le mènerai bien tout seul !