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LA DESTINÉE DE JEAN MORÉNAS.

protecteur. Il ne devinait pas son but. Le Marseillais avait-il besoin d’un gaillard entreprenant, décidé à tout, ayant le cœur au bout des bras, qu’il était allé le choisir au bagne ? Dans ce cas, il aurait fait un mauvais calcul, Jean Morénas étant fermement décidé à repousser toute proposition suspecte.

« Vous sentez-vous mieux ? interrogea M. Bernardon, après avoir laissé au fugitif le temps de se remettre. Avez-vous la force de marcher ?

— Oui, répondit Jean en se relevant.

— Dans ce cas, habillez-vous de ce costume de paysan que j’ai apporté à votre intention. Puis, en route ! Nous n’avons pas une minute à perdre. »

Il était onze heures du soir, lorsque les deux hommes s’aventurèrent dans la campagne, évitant les sentiers battus, se jetant dans les fossés et les taillis dès qu’un bruit de pas ou celui d’une charrette résonnait au milieu du silence. Quoique le déguisement du fugitif rendit celui-ci méconnaissable, ils redoutaient une inspection trop attentive, le costume provençal qu’il avait revêtu pouvant avoir quelque chose d’emprunté.

Outre les brigades de gendarmerie, qui sont sur pied dès le premier coup du canon d’alarme, Jean Morénas avait à redouter n’importe quel passant. Le souci de leur sécurité et aussi l’appât de la prime allouée