lui revinrent avec l’espoir, et il se remit en route vers le Fort de l’Aiguillette dont la masse sombre se dressait devant lui.
Soudain il se trouva dans des ténèbres profondes. Un corps opaque interceptait à ses yeux la vue du Fort. C’était une des embarcations, qui, lancée à toute vitesse, se heurta contre lui. Au choc, un des matelots se pencha par dessus le bord.
« C’est une bouée, dit-il à son tour.
Le canot reprit sa marche. Par malheur, un des avirons, frappant la fausse bouée, la renversa. Avant que l’évadé pût songer à disparaître, sa tête rasée s’était montrée au-dessus de l’eau.
— Nous le tenons ! s’écrièrent les marins. Hardi-là !… »
Jean plongea, et, pendant que les sifflets appelaient de toutes parts les embarcations dispersées, il nagea entre deux eaux du côté de la plage du Lazaret. Il s’éloignait ainsi du lieu de rendez-vous, car cette plage est située à droite en entrant dans la grande rade, tandis que le cap Brun s’avançait sur sa gauche. Mais il espérait donner le change à ses ennemis, en se dirigeant du côté le moins propice à son évasion.
L’endroit désigné par le Marseillais devait être atteint cependant. Après quelques brasses faites à l’opposé, Jean Morénas revint sur ses pas. Les embarcations se croisaient autour de lui. À chaque instant, il lui fallait plonger pour ne pas être vu.