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HIER ET DEMAIN.

qu’il venait, comme tant d’autres qu’elle avait obligés, pour quelque service, et elle se sentait disposée à le lui rendre.

« Que me voulez-vous, beau jeune homme ? dit-elle de sa voix la plus engageante.

— Bonne fée, répondit-il, je suis bien malheureux, et je n’ai d’espoir qu’en vous.

Et, comme il hésitait :

— Expliquez-vous, reprit Firmenta. Quel est votre nom ?

— Je me nomme Ratin, répondit-il. Je ne suis pas riche, et pourtant ce n’est point la fortune que je viens vous demander. Non, c’est le bonheur.

— Pensez-vous donc que l’un puisse aller sans l’autre ? répliqua la fée en souriant.

— Je le pense.

— Et vous avez raison. Continuez, beau jeune homme.

— Il y a quelque temps, reprit-il, avant d’être homme, j’étais rat et, comme tel, très bien accueilli dans une excellente famille à laquelle je comptais m’attacher par les plus doux liens. Je plaisais au père, qui est un rat plein de sens. Peut-être la mère me voyait-elle d’un moins bon œil, parce que je ne suis pas riche. Mais leur fille Ratine me regardait si tendrement !… Enfin j’allais probablement être agréé, lorsqu’un grand malheur vint couper court à toutes mes espérances.