et les chaînes des ancres, il s’avança dans la petite rade, du côté de la poudrière de Millau. La mer était un peu dure, mais le vigoureux nageur se sentait de force à la vaincre. Ses habits, gênant sa marche, furent abandonnés à la dérive, et il ne conserva que la bourse d’or attachée sur sa poitrine.
Il arriva sans encombre jusqu’au milieu de la petite rade. Là, s’appuyant sur une de ces bouées de fer appelées corps morts, il ôta avec précaution le bonnet qui le protégeait et reprit haleine.
« Ouf ! se dit-il, cette promenade n’est qu’une partie de plaisir auprès de ce qui me reste à faire. En pleine mer, je n’aurai pas de rencontres à craindre, mais il faut passer le goulet, et, là, bon nombre d’embarcations vont de la Grosse Tour au Fort de l’Aiguillette. Ce sera bien le diable si je leur échappe… En attendant, orientons-nous, et n’allons pas nous jeter bêtement dans la gueule du loup. »
Jean, par la poudrière de Lagoubran et le fort Saint-Louis, releva sa position exacte, puis il se remit à l’eau.
La tête abritée sous son appareil, il nageait avec prudence. Le bruit du vent qui fraîchissait pouvant l’empêcher d’entendre d’autres bruits plus dangereux, il se tenait sur ses gardes, et, quelque important qu’il fût pour lui d’être sorti de la petite rade, il n’avançait que lentement, afin de ne pas