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LA DESTINÉE DE JEAN MORÉNAS.

augmentait l’obscurité et favorisait Jean Morénas. De l’autre côté de la rade, la presqu’île de Saint-Mandrier disparaissait dans les ténèbres.

Lorsque l’Arsenal fut désert, Jean sortit de sa cachette et, rampant prudemment, se dirigea du côté des bassins de carénage. Quelques adjudants erraient encore çà et là. Jean faisait halte parfois et s’aplatissait sur le sol. Heureusement, il avait pu rompre ses fers, ce qui lui permettait de se mouvoir sans bruit.

Il parvint enfin au bord de l’eau, sur un quai de la Darse Neuve, non loin de l’ouverture donnant accès dans la rade. Son espèce de bonnet de bois à la main, il s’affala le long d’une corde et s’enfonça sous les flots.

Quand il revint à la surface, il se couvrit prestement la tête de cette coiffure bizarre et disparut ainsi à tous les regards. Les trous pratiqués d’avance lui permettaient de se diriger. On l’eût pris pour une bouée en dérive.

Soudain, un coup de canon retentit.

« C’est la fermeture du port, » pensa Jean Morénas.

Un deuxième coup, puis un troisième éclatèrent.

Il n’y avait pas à s’y tromper, c’était le canon d’alarme. Jean comprit que sa fuite était découverte.

Évitant avec soin l’approche des navires