situées à terre. En sortir eût été difficile. L’important était donc de n’y pas entrer le soir. La rade étant à peu près déserte à cette heure, il ne lui serait sans doute pas impossible de la traverser à la nage. Il ne pouvait, en effet, songer à quitter l’arsenal autrement que par mer. La terre une fois gagnée, il appartiendrait à son protecteur de lui venir en aide.
Ainsi ramené par ses réflexions à compter sur l’inconnu, il résolut d’attendre les conseils de celui-ci et de savoir tout d’abord si les promesses faites à Romain seraient ratifiées. Le temps s’écoula lentement au gré de son impatience.
Ce fut seulement le surlendemain qu’il vit réapparaître son mystérieux ami.
« Eh bien ?… demanda M. Bernardon.
— Tout est convenu, Monsieur, et, puisque vous désirez m’être utile, je peux vous assurer que tout ira bien.
— Que vous faut-il ?
— J’ai promis deux mille francs à mon compagnon, soit mille francs à sa sortie du bagne…
— Il les aura. Après ?
— Et mille francs tout de suite.
— Les voici, dit M. Bernardon, en remettant la somme demandée que le vieux forçat fit instantanément disparaître.
— Voilà, reprit le Marseillais, de l’or et une lime des mieux trempées. Cela vous suffira-t-il pour venir à bout de vos fers ?