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LA FAMILLE RATON.

phoses s’opéraient par l’intermédiaire des génies. Les bons génies faisaient monter, les mauvais faisaient descendre, et, si ces derniers abusaient de leur puissance, le Créateur pouvait les en priver pour un certain temps.

Il va sans dire que la fée Firmenta était un bon génie, et jamais personne n’avait eu à se plaindre d’elle.

Or, un matin, elle se trouvait dans la salle à manger de son palais — une salle ornée de tapisseries superbes et de magnifiques fleurs. Les rayons du soleil se glissaient à travers la fenêtre, piquant çà et là de touches lumineuses les porcelaines et l’argenterie placées sur la table. La suivante venait d’annoncer à sa maîtresse que le déjeuner était servi, — un joli déjeuner, comme les fées ont bien le droit d’en faire sans être accusées de gourmandise. Mais à peine la fée s’était-elle assise que l’on frappa à la porte de son palais.

Aussitôt la suivante d’aller ouvrir ; un instant après, elle prévenait la fée Firmenta qu’un beau jeune homme désirait lui parler.

« Fais entrer ce beau jeune homme », répondit Firmenta.

Beau, en effet, d’une taille au-dessus de la moyenne, l’air bon, l’air brave aussi, et vingt-deux ans d’âge. Mis très simplement, il se présentait avec grâce. Tout d’abord, la fée eut favorable opinion de lui. Elle pensa