Page:Verne - Hier et demain, 1910.djvu/142

Cette page a été validée par deux contributeurs.
130
HIER ET DEMAIN.

— Ma pauvre bonne femme de mère ! dit le condamné tristement. Ne m’en parlez plus ! Elle est morte !

— Depuis neuf ans, dit M. Bernardon.

— C’est encore vrai. Qui donc êtes-vous, Monsieur, pour connaître si bien mes affaires ?

— Que vous importe ? répliqua M. Bernardon. L’essentiel est ce que je veux faire pour vous. Écoutez, et veillons à ne pas causer trop longtemps ensemble. D’ici deux jours, préparez-vous à fuir. Achetez le silence de votre compagnon. Promettez, je tiendrai vos promesses. Quand vous serez prêt, vous recevrez les instructions nécessaires. À bientôt ! »

Le Marseillais continua tranquillement son inspection, laissant le condamné stupéfait de ce qu’il venait d’entendre. Il fit quelques tours dans l’arsenal, visita divers ateliers, et rejoignit bientôt son équipage, dont les chevaux l’emportèrent au grand trot.


IV


Quinze ans avant le jour où M. Bernardon devait avoir avec le forçat 2224 ce bref dialogue dans le bagne de Toulon, la famille Morénas, composée d’une veuve et de ses deux fils, Pierre, alors âgé de vingt-cinq ans, et Jean, de cinq ans plus jeune,