— Romain !… Romain !… fit le numéro 2224 qui commençait à se fâcher.
— Eh bien ! jouons-la, dit Romain, en sortant de sa poche un jeu de cartes crasseuses.
— Ça va, répliqua le plus jeune condamné.
La chaîne des deux forçats comportait dix-huit maillons de six pouces. Chacun en possédait neuf, et par conséquent disposait d’un rayon correspondant de liberté.
M. Bernardon s’avança vers Romain.
— Je vous achète votre part de chaîne, dit-il.
— Y a-t-il gras ?
Le négociant prit cinq francs dans sa bourse.
— Une thune !… s’écria le vieux forçat. C’est dit ! »
Il se saisit de l’argent, qui disparut on ne sait où, puis, développant ses maillons qu’il avait enroulés devant lui, il reprit sa place et se coucha le dos au soleil.
« Que me voulez-vous ? demanda le numéro 2224 au Marseillais.
Celui-ci, le regardant fixement, prononça :
— Vous vous nommez Jean Morénas. Vous êtes condamné à vingt ans de galère pour meurtre et vol qualifié. Actuellement, vous avez fait la moitié de votre peine.
— C’est vrai, dit Jean Morénas.
— Vous êtes le fils de Jeanne Morénas, du village de Sainte-Marie-des-Maures.