— Non, ces derniers ont un supplément d’un tiers qu’on leur garde jusqu’à l’expiration de leur peine. Ils en reçoivent alors le montant, afin qu’ils ne soient pas dans un complet dénuement au sortir du bagne.
— Ah !… fit simplement M. Bernardon qui parut s’absorber dans ses pensées.
— Ma foi, Monsieur, reprit l’adjudant, ils ne sont pas tellement malheureux. Si, par leurs fautes ou leurs tentatives d’évasion, ils n’augmentaient pas eux-mêmes la sévérité du régime, ils seraient moins à plaindre que beaucoup d’ouvriers des villes.
— La prolongation de peine, demanda le Marseillais dont la voix sembla un peu altérée, n’est-elle donc pas la seule punition qu’on leur inflige, en cas de tentative d’évasion ?
— Non. Ils ont droit aussi à la bastonnade et à la double chaîne.
— La bastonnade ?… répéta M. Bernardon.
— Qui consiste en coups sur les épaules, de quinze à soixante suivant le cas, appliqués avec une corde goudronnée.
— Et, sans doute, toute fuite devient impossible pour un condamné mis à la double chaîne ?
— À peu près, répondit l’adjudant. Les forçats sont alors attachés au pied de leur banc et ne sortent jamais. Dans ces conditions, une évasion n’est pas chose facile.