Page:Verne - Hier et demain, 1910.djvu/112

Cette page a été validée par deux contributeurs.
100
HIER ET DEMAIN.

tines ? Je ne savais, car il m’épouvantait à ce point que je n’osais plus remettre les pieds dans la tribune, ni même dans l’église.

Le soir de la Noël, d’habitude on faisait coucher les enfants dès le crépuscule, et ils dormaient jusqu’au moment de l’office. Cela leur permettait de rester éveillés pendant la messe de Minuit. Donc, ce soir-là, après l’école, je reconduisis jusqu’à sa porte la petite Mi-bémol. — J’en étais venu à l’appeler ainsi.

« Tu ne manqueras pas la messe, lui dis-je.

— Non, Joseph, et toi n’oublie pas ton paroissien.

— Sois tranquille ! »

Je revins à la maison où l’on m’attendait.

« Tu vas te coucher, me dit ma mère.

— Oui, répondis-je, mais je n’ai pas envie de dormir.

— N’importe !

— Pourtant…

— Fais ce que dit ta mère, répliqua mon père, et nous te réveillerons lorsqu’il sera temps de te lever. »

J’obéis, j’embrassai mes parents et je montai à ma chambrette. Mes habits propres étaient posés sur le dos d’une chaise, et mes souliers cirés auprès de la porte. Je n’aurais qu’à mettre tout cela au saut du lit, après m’être lavé la figure et les mains.

En un instant, glissé sous mon drap, j’éteignis la chandelle, mais il restait une