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M. RÉ-DIÈZE ET Mlle MI-BÉMOL.

naissait sans doute, et je me sentis mal à l’aise.

Cependant, M. Valrügis, descendu de sa chaire, venait de se porter au devant de M. le Curé, disant :

« Qu’est-ce qui me procure l’honneur ?…

— Monsieur le Magister, j’ai voulu vous présenter maître Effarane, qui a désiré faire visite à vos écoliers.

— Et pourquoi ?…

— Il m’a demandé s’il y avait une maîtrise à Kalfermatt, monsieur Valrügis. Je lui ai répondu affirmativement. J’ai ajouté qu’elle était excellente du temps où le pauvre Eglisak la dirigeait. Alors maître Effarane a manifesté le désir de l’entendre. Aussi l’ai-je amené ce matin à votre classe en vous priant de l’excuser. »

M. Valrügis n’avait point à recevoir d’excuses. Tout ce que faisait M. le Curé était bien fait. Guillaume Tell attendrait cette fois.

Et alors, sur un geste de M. Valrügis, on s’assit. M. le Curé dans un fauteuil que j’allais lui chercher, maître Effarane sur un angle de la table des fillettes qui s’étaient vivement reculées pour lui faire place.

La plus rapprochée était Betty, et je vis bien que la chère petite s’effrayait des longues mains et des longs doigts qui décrivaient près d’elle des arpèges aériens.

Maître Effarane prit la parole et, de sa voix perçante, il dit :