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Le travail de Palmyrin Rosette exigeait avant tout une extrême patience. Chaque nuit, il devait guetter le fanal que son préparateur tenait allumé sur le littoral espagnol, afin de fixer le sommet de son triangle, et il n’avait pas oublié que, dans ces conditions, soixante et un jours s’étaient écoulés avant qu’Arago et Biot eussent pu atteindre ce but. Malheureusement, on l’a dit, un épais brouillard, d’une extraordinaire intensité, enveloppait non seulement cette partie de l’Europe, mais le globe presque tout entier.

Or, précisément, sur ces parages des îles Baléares, à plusieurs reprises, des trouées se firent à l’amas des brumes. Il s’agissait donc de veiller avec le plus grand soin, — ce qui n’empêchait pas Palmyrin Rosette de jeter un regard interrogateur sur le firmament, car il s’occupait alors de réviser la carte de cette partie du ciel où se dessine la constellation des Gémeaux.

Cette constellation, à l’œil nu, présente au plus six étoiles ; mais, avec un télescope de vingt-sept centimètres d’ouverture, on en relève plus de six mille. Palmyrin Rosette ne possédait point un réflecteur de cette force, et, faute de mieux, il n’avait que sa lunette astronomique.

Cependant, un certain jour, cherchant à jauger les profondeurs célestes dans la constellation des Gémeaux, il crut reconnaître un point brillant que ne portait aucune carte. C’était sans doute une étoile non cataloguée. Mais, en l’observant avec attention pen-