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mesure de l’arc relevé sur le méridien de Paris, nomma à cet effet une commission scientifique, dont, vu son insociabilité, ne fit pas partie Palmyrin Rosette. Le professeur, évincé et furieux, résolut donc de travailler pour son propre compte. Prétendant que les premières opérations géodésiques étaient entachées d’inexactitudes, il résolut de vérifier à nouveau les mesures de l’extrême réseau qui avait relié Formentera au littoral espagnol par un triangle dont l’un des côtés mesurait quarante lieues. C’était le travail qu’Arago et Biot avaient fait avant lui avec une remarquable perfection.

Palmyrin Rosette quitta donc Paris. Il se rendit aux Baléares, il plaça son observatoire sur la plus haute cime de l’île et s’installa pour y vivre en ermite avec son domestique Joseph, tandis qu’un de ses anciens préparateurs, qu’il avait engagé à cet usage, s’occupait d’établir sur un des sommets de la côte d’Espagne un réverbère qui pût être visé par les lunettes de Formentera. Quelques livres, des instruments d’observation, des vivres pour deux mois, composaient tout son matériel, sans compter une lunette astronomique dont Palmyrin Rosette ne se séparait jamais et qui semblait faire partie de lui-même. C’est que l’ancien professeur de Charlemagne avait la passion de fouiller les profondeurs du ciel et l’espoir d’y faire encore quelque découverte qui immortaliserait son nom. C’était sa marotte.