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bre. Certainement, le désir d’être utile aux Anglais, le besoin de remplir un devoir d’humanité était le premier mobile auquel obéissait le capitaine Servadac. Mais peut-être une autre pensée avait-elle germé dans son cerveau de Gascon. Il ne l’avait encore communiquée à personne, et, sans doute, il n’en voulait rien dire au comte Timascheff.

Quoi qu’il en soit, Ben-Zouf comprit qu’il y avait « quelque autre machinette », lorsque, la veille du départ, son capitaine lui dit :

« Ben-Zouf, est-ce que tu ne trouverais pas dans le magasin général de quoi faire un drapeau tricolore ?

— Oui, mon capitaine, répondit Ben-Zouf.

— Eh bien, fais ce drapeau sans qu’on te voie, mets-le dans ton sac et emporte-le. »

Ben-Zouf n’en demanda pas davantage et obéit.

Maintenant, quel était le projet du capitaine Servadac, et pourquoi ne s’en ouvrait-il pas à ses compagnons ?

Avant de le dire, il convient de noter ici un certain phénomène psychologique, qui, pour ne pas appartenir à la catégorie des phénomènes célestes, n’en était pas moins très-naturel, — étant données les faiblesses de l’humanité.

Depuis que Gallia se rapprochait de la terre, peut être le comte Timascheff et le capitaine Servadac, par un mouvement opposé, tendaient-ils à s’écarter l’un de l’autre. Il était possible que cela se fît presque à leur