Le comte Timascheff et le lieutenant Procope partagèrent absolument l’avis du capitaine Servadac. Il y avait là une question d’humanité qui ne pouvait les laisser indifférents.
Mais comment arriver, à cette époque, jusqu’à l’îlot de Gibraltar ?
Par mer évidemment, c’est-à-dire en profitant de l’appui solide que sa surface glacée présentait encore.
C’était, d’ailleurs, la seule manière de voyager d’une île à l’autre, car, le dégel venu, aucun autre genre de communication ne serait possible. En effet, on ne pouvait plus compter ni sur la goëlette, ni sur la tartane. Quant à la chaloupe à vapeur, l’utiliser à cet effet, c’eût été consommer quelques tonnes du charbon qui avait été précieusement mis en réserve, pour le cas où les colons devraient retourner à l’île Gourbi.
Il y avait bien le you-you, qui avait été déjà transformé en traîneau à voile. On sait dans quelles conditions de rapidité et de sécurité il avait accompli le trajet de la Terre-Chaude à Formentera.
Mais il lui fallait le vent, pour se mouvoir, et le vent ne se faisait plus sentir à la surface de Gallia Peut-être après le dégel, avec les vapeurs que développerait la température estivale, de nouveaux troubles se produiraient-ils dans l’atmosphère gallienne ? On devait même le craindre. Mais alors le calme était absolu, et le you-you ne pouvait se rendre à l’îlot de Gibraltar.
Restait donc la possibilité de faire la route à pied