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« Et vous allez peser avec mon peson ? demanda-t-il d’un ton si plaintif qu’il en était suspect.

— Et avec quoi veux-tu que je pèse ? » répondit Ben-Zouf.

Puis, prenant le peson, il suspendit un plateau à son crochet et versa ce qu’il fallait de café pour que l’aiguille marquât une livre, — soit sept en réalité.

Isac Hakhabut suivait des yeux l’opération.

« Voilà ! dit Ben-Zouf.

— L’aiguille est-elle bien rendue au point ? demanda le négociant, en se penchant sur le cercle gradué de l’instrument.

— Oui donc, vieux Jonas !

— Poussez-la un peu du doigt, monsieur Ben-Zouf !

— Et pourquoi cela ?

— Parce que… parce que… murmura Isac Hakhabut, parce que mon peson n’est peut-être pas… tout à fait… juste !… »

Ces mots étaient à peine achevés, que Palmyrin Rosette sautait à la gorge d’Isac. Il le secouait, il l’étranglait.

« Canaille ! criait-il.

— Au secours ! à moi ! » répondait Isac Hakhabut.

La lutte continuait. Il est vrai que Ben-Zouf se gardait bien d’intervenir. Au contraire, il excitait les combattants, il éclatait de rire. Pour lui, en vérité, l’un ne valait pas mieux que l’autre.

Mais, au bruit de la bataille, le capitaine Servadac, le