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ment dans l’ancien magasin, qui était soumis à un froid excessif, ce fut un précieux accroissement de la réserve alimentaire.

Pour achever la nomenclature des êtres vivants qui cherchèrent refuge à l’intérieur du massif, il faut encore citer les oiseaux, dont la nourriture se composait uniquement des bribes qu’on leur abandonnait chaque jour. Le froid leur fit quitter les hauteurs de Nina-Ruche pour les sombres cavités du mont. Mais leur nombre était encore si considérable, leur présence si importune, qu’il fallut leur donner activement la chasse et les détruire en grande partie.

Tout ceci occupa la fin du mois de janvier, et l’installation ne fut complète qu’à cette époque. Mais alors une existence d’une désespérante monotonie commença pour les membres de la colonie gallienne. Pourraient-ils résister à cette espèce d’engourdissement moral, qui résulterait de leur engourdissement physique ? Leurs chefs tentèrent d’obtenir ce résultat par une plus étroite communauté de la vie quotidienne, par des conversations auxquelles tous étaient invités à prendre part, par des lectures, puisées aux livres de voyages et de sciences de la bibliothèque et faites à voix haute. Tous, assis autour de la grande table, Russes ou Espagnols, écoutaient et s’instruisaient, et, s’ils devaient revenir à la terre, ils y rentreraient moins ignorants qu’ils ne l’eussent été en demeurant dans leurs pays d’origine.