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cope s’était manifesté sur les bords de cette crique, dans laquelle les deux navires avaient été mis en état d’hivernage. Les couches glacées, par un mouvement lent, mais irrésistible, s’étaient épaissies sous la carène de la Hansa et de la Dobryna. Près du promontoire de roches qui les abritait, la goëlette et la tartane, surélevées dans leur cuvette de glace, atteignaient déjà un niveau de cinquante pieds au-dessus de la mer Gallienne. La Dobryna, plus légère que la tartane, la dominait quelque peu. Aucune force humaine n’eût pu empêcher ce travail de surélévation de s’accomplir.

Le lieutenant Procope fut très-inquiet du sort réservé à la goëlette. Tous les objets qu’elle contenait avaient été enlevés. Il ne restait plus que la coque, la mâture et la machine ; mais cette coque, dans le cas de certaines éventualités, n’était-elle pas destinée à donner refuge à la petite colonie ? Si, au dégel, elle se brisait dans une chute impossible à prévenir, et si les Galliens étaient obligés de quitter la Terre-Chaude, quelle autre embarcation la pourrait remplacer ?

Ce ne serait pas, en tout cas, la tartane, menacée comme elle et destinée à subir le même sort. La Hansa, mal soudée dans sa carapace, s’inclinait déjà sous un angle inquiétant. Il y avait danger à y demeurer. Cependant, Isac n’entendait pas abandonner sa cargaison, qu’il voulait surveiller nuit et jour. Il sentait bien que sa vie était compromise, mais son bien encore