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dans une brillante monture. Un observateur, placé exactement sous cet anneau, qui passe alors par son zénith à cinq mille cent soixante-cinq lieues au-dessus de sa tête, n’aperçoit qu’une étroite bande, dont Herschell n’évalue la largeur qu’à cent lieues. C’est donc comme un fil lumineux qui serait tendu sur l’espace. Mais que l’observateur s’écarte de part ou d’autre, il voit alors trois anneaux concentriques se détacher peu à peu les uns des autres, le plus rapproché, obscur et diaphane, large de trois mille cent vingt-six lieues, l’anneau intermédiaire, large de sept mille trois cent quatre-vingt-huit lieues et plus brillant encore que la planète elle-même, enfin l’anneau extérieur, large de trois mille six cent soixante dix-huit lieues et présentant aux regards une teinte grisâtre.

Tel est l’ensemble de cet appendice annulaire, qui se meut dans son propre plan en dix heures trente-deux minutes. De quelle matière est formé cet appendice, comment résiste-t-il à la désagrégation ? nul ne le sait ; mais, en le laissant subsister, il semble que le Créateur ait voulu apprendre aux humains de quelle manière se sont peu à peu formés les corps célestes. En effet, cet appendice est le reste de la nébuleuse qui, après s’être concentrée peu à peu, est devenue Saturne. Pour une raison inconnue, il s’est probablement solidifié lui-même, et, s’il venait à se briser, ou il tomberait en morceaux sur Saturne, ou ses morceaux feraient à la planète autant de nouveaux satellites.