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exigera que nous disposions de la cargaison de la tartane, je n’hésiterai pas à le faire, c’est-à-dire à vous exproprier pour cause d’utilité publique… en vous payant les marchandises aux prix courants d’Europe !

— Les prix courants d’Europe ! murmura Isac Hakhabut entre ses dents. Non, mais aux prix courants de Gallia, et c’est moi qui les établirai ! »

Cependant, Hector Servadac et ses compagnons étaient descendus dans la cabine de la Hansa. Ce n’était qu’un étroit logement, la plus grande place possible ayant été réservée à la cargaison. Un petit poêle de fonte, où deux morceaux de charbon essayaient de ne pas brûler, se dressait dans un coin, vis-à-vis du cadre qui servait de lit. Une armoire, dont la porte était soigneusement fermée à clef, occupait le fond de ce réduit. Quelques escabeaux, une table de sapin d’une propreté douteuse, et, en fait d’ustensiles de cuisine, le strict nécessaire. L’ameublement, on le voit, était peu confortable, mais digne du propriétaire de la Hansa.

Le premier soin de Ben-Zouf, une fois descendu dans la cabine, et après que le juif en eut refermé la porte, fut de jeter dans le poêle quelques morceaux de charbon, précaution que justifiait la basse température du lieu. De là récriminations et gémissements d’Isac Hakhabut, qui, plutôt que de prodiguer son combustible, eût brûlé ses propres os, s’il en avait eu de rechange. Mais on ne l’écouta pas. Ben-Zouf resta de garde près du poêle, dont il activa la combustion par une ventila-