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Évidemment, le flux et le reflux des eaux s’y étaient fait sérieusement sentir, et même à une hauteur considérable, — nouvelle étrangeté ajoutée à tant d’autres, car jusqu’alors les marées avaient toujours été à peu près nulles dans le bassin méditerranéen.

Toutefois, on pouvait remarquer que depuis la plus haute de ces marées, provoquée sans doute par le voisinage de cet énorme disque dans la nuit du 31 décembre au 1er janvier, le phénomène avait toujours été diminuant, et qu’il était réduit, maintenant, aux modestes proportions qui le caractérisaient avant la catastrophe.

Mais cette observation notée, le capitaine Servadac ne s’occupa que de la Dobryna.

La goëlette n’était plus qu’à deux ou trois kilomètres du littoral. Les signaux qui lui furent faits ne pouvaient manquer d’être aperçus et compris. En effet, elle modifia légèrement sa direction et commença à amener ses voiles hautes. Bientôt elle ne porta plus que ses deux huniers, sa brigantine et son grand foc, de façon à être bien dans la main du timonier. Enfin elle tourna la pointe de l’île, et, manœuvrant vers le canal que l’officier d’état-major indiquait du geste, elle y entra hardiment. Quelques minutes après, son ancre mordait le fond de sable de la crique, le canot était mis à la mer, et le comte Timascheff débarquait sur le rivage.

Le capitaine Servadac courut vers lui.