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une hutte dans un glaçon, à la manière des Esquimaux.

— Nous courrons jour et nuit, lieutenant Procope, répondit Hector Servadac, et, au lieu de six jours, nous n’en mettrons que trois, que deux à atteindre Formentera !

— Soit encore, capitaine Servadac. J’admets que vous arriviez dans ce délai de deux jours, — ce qui est matériellement impossible. Que ferez-vous de ceux que vous trouverez sur l’îlot, succombant au froid et à la faim ? Si vous les emportez mourants avec vous, ce sont des morts que vous ramènerez à la Terre-Chaude ! »

Les paroles du lieutenant Procope produisirent une impression profonde. Les impossibilités d’un voyage fait dans de telles conditions apparurent clairement aux yeux de tous. Il était évident que le capitaine Servadac et le comte Timascheff, sans abri sur cet immense ice-field, au cas où il surviendrait quelque chasse-neige qui les envelopperait dans ses tourbillons, tomberaient pour ne plus se relever.

Hector Servadac, entraîné par un vif sentiment de générosité, par la pensée du devoir à accomplir, voulait résister à l’évidence. Il s’entêtait contre la froide raison du lieutenant Procope. D’autre part, son fidèle Ben-Zouf n’était pas éloigné de le soutenir, se déclarant prêt à faire signer sa feuille de route avec celle