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puisque la mer n’est plus libre, mais sur nos patins ! N’est-ce pas, comte Timascheff ?

— Partons, capitaine, dit le comte, que les questions d’humanité ne trouvaient jamais ni indifférent ni irrésolu.

— Père, dit vivement le lieutenant Procope, je voudrais te faire une observation, non pour t’empêcher d’accomplir un devoir, mais, au contraire, pour te mettre à même de l’accomplir plus sûrement.

— Parle, Procope.

— Le capitaine Servadac et toi, vous allez partir. Or, le froid est devenu excessif, le thermomètre est à vingt-deux degrés au-dessous de zéro, et il règne une violente brise du sud qui rend cette température insoutenable. En admettant que vous fassiez vingt lieues par jour, il vous faudra six jours pour atteindre Formentera. En outre, des vivres sont nécessaires, non-seulement pour vous, mais pour ceux ou celui que vous allez secourir…

— Nous irons le sac au dos, comme deux soldats, répondit vivement le capitaine Servadac, qui ne voulait voir que les difficultés, non les impossibilités d’un pareil voyage.

— Soit, répondit froidement le lieutenant Procope. Mais il faudra nécessairement, à plusieurs reprises, vous reposer en route. Or, le champ de glace est uni, et vous n’aurez pas la ressource de pouvoir tailler