les mêmes rimes comme des fuyards pendant la bataille ? De par tous les diables ! je lutterai ! Il ne sera pas dit qu’un officier français aura reculé devant des rimes. Une pièce de vers, c’est comme un bataillon ! La première compagnie a déjà donné ! — Il voulait dire le premier quatrain. — En avant les autres ! »
Les rimes poursuivies à outrance revinrent enfin à l’appel, car une ligne rouge et une ligne bleue s’allongèrent bientôt sur le papier :
De beaux discours remplis d’emphases,
Qu’est-il besoin ?
« Que diable marmotte donc mon capitaine ? se demandait Ben-Zouf, en se tournant et retournant. Voilà une heure qu’il s’agite comme un canard qui revient de semestre. »
Hector Servadac arpentait le gourbi en proie à toute la fureur de l’inspiration poétique :
Et que vraiment des longues phrases,
Le cœur est loin !
« Bien sûr, il fait des vers ! se dit Ben-Zouf en se redressant dans son coin. En voilà un métier bruyant ! Il n’y a pas moyen de dormir ici. »
Et il poussa un sourd grognement.
« Eh ! qu’as-tu donc, Ben-Zouf ? demanda Hector Servadac.