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et à toutes les éventualités duquel il fallait parer. Oui, grand, long, interminable peut-être, bien autrement menaçant que ces six mois de nuit et d’hiver que bravent les navigateurs des mers arctiques ! Qui pouvait prévoir, en effet, le moment auquel Gallia serait délivrée de ses liens de glace ? Qui pouvait dire si elle suivait dans son mouvement de translation une courbe rentrante, et si un orbe elliptique la ramènerait jamais vers le soleil ?

Le capitaine Servadac apprit à ses compagnons l’heureuse découverte qu’il venait de faire. Le nom de « Terre-Chaude » fut accueilli par les bravos de Nina et des Espagnols surtout. La Providence, qui faisait si bien les choses, fut remerciée comme elle méritait de l’être.

Pendant les trois jours qui suivirent, la Dobryna fit trois voyages. Chargée jusqu’à la hauteur des bastingages, elle transporta d’abord la récolte des fourrages et des céréales, qui fut déposée dans les profonds réduits destinés à servir de magasins. Le 15 mars, les étables rocheuses reçurent ceux des animaux domestiques, taureaux, vaches, moutons et porcs, une cinquantaine environ, dont on voulait conserver l’espèce. Les autres, que le froid allait bientôt détruire, devaient être abattus en aussi grande quantité que possible, la conservation indéfinie des viandes étant facile sous ces climats rigoureux. Les Galliens auraient donc là une énorme réserve. Avenir ras-