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— Les reconduire en Espagne, monsieur le gouverneur général ! s’écria Isac en bon français. Non, tant qu’ils ne m’auront pas payé leurs dettes ! Ces coquins m’ont promis vingt réaux par personne pour leur passage à bord de la Hansa. Ils sont dix. C’est donc deux cents réaux[1] qu’ils me doivent, et j’en prends à témoin..

— Te tairas-tu, Mardochée ! cria Ben-Zouf.

— Vous serez payé, dit le capitaine Servadac.

— Et ce ne sera que justice, répondit Isac Hakhabut. À chacun son salaire, et si le seigneur russe veut me prêter deux ou trois de ses matelots pour conduire ma tartane à Alger, à mon tour je les payerai… oui… je les payerai… pourvu qu’ils ne me demandent pas trop cher !

— Alger ! s’écria de nouveau Ben-Zouf, qui ne pouvait se contenir, mais sache donc…

— Laisse-moi apprendre à ces braves gens, Ben-Zouf, ce qu’ils ignorent ! » dit le capitaine Servadac.

Puis, reprenant en espagnol :

« Écoutez-moi, mes amis, dit-il. Un phénomène que nous n’avons pu expliquer jusqu’ici nous a séparés de l’Espagne, de l’Italie, de la France, en un mot de toute l’Europe ! Des autres continents, il ne reste rien que cette île où vous avez trouvé refuge. Nous ne sommes plus sur la terre, mais vraisemblablement


  1. Environ 46 francs.