Une autre voix, qui ne chantait pas, celle-là, faisait entendre les plus violentes objurgations.
Le capitaine Servadac, en sa qualité de Gascon, comprenait suffisamment l’espagnol, et pendant que la chanson disait :
Tu sandunga y cigarro,
Y una cana de Jerez,
Mi jamelgo y un trabuco,
Que mas gloria puede haver[1].
l’autre voix, agrémentée d’un accent dur, répétait :
« Mon argent ! mon argent ! Me payerez-vous enfin ce que vous me devez, misérables majos ! »
Et la chanson de continuer :
Para Alcarrazas, Chiclana,
Para trigo, Trebujena,
Y para ninas bonitas,
San Lucar de Barrameda[2].
« Oui, vous me payerez mon dû, coquins ! reprit la voix au milieu du cliquetis des castagnettes, vous me le payerez, au nom du Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob ! au nom de Jésus-Christ et de Mahomet lui-même !
— Eh ! de par le diable, c’est un juif ! s’écria le capitaine Servadac.
— Un juif, ça ne serait rien, répondit Ben-Zouf ; j’en