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tales, ni le cap Béarn, ni Port-Vendres, ni l’embouchure du Tech, ni l’étang de Saint-Nazaire, ni l’embouchure du Tet, ni l’étang de Salces. Sur la frontière du département de l’Aude, jadis si pittoresquement coupée d’étangs et d’îles, elle ne retrouva pas même un seul morceau de l’arrondissement de Narbonne. Du cap d’Agde, sur la frontière de l’Hérault, jusqu’au golfe d’Aigues-Mortes, il n’existait plus rien, ni de Cette[1], ni de Frontignan, rien de cet arc que l’arrondissement de Nîmes baignait autrefois dans la Méditerranée, rien des plaines de la Crau et de la Camargue, rien de ce capricieux estuaire des Bouches-du-Rhône. Martigues, disparue ! Marseille, anéantie ! C’était à croire qu’on ne rencontrerait même plus un seul des points du continent européen qui avaient porté le nom de France.

Hector Servadac, bien qu’il fût préparé à tout événement, se sentit comme atterré en présence de cette réalité. Il ne revoyait plus aucun vestige de ces rives dont les sites lui étaient tous familiers. Quelquefois, lorsqu’une courbure de la côte s’arrondissait vers le nord, il espérait retrouver un morceau du sol français qui aurait échappé au désastre ; mais, si loin que l’échancrure se prolongeât, rien ne reparaissait de ce qui avait été ce merveilleux rivage de la Provence. Lorsque le nouveau cadre n’en limitait pas l’ancienne lisière, c’étaient les eaux de cette étrange Méditerranée qui le recouvraient alors, et le capitaine Servadac en

  1. Note wikisource : nom officiel de la ville de Sète jusqu’en 1927