— Plus solide que l’Angleterre ?…
— L’Angleterre n’est qu’une île, après tout, et une île d’une contexture assez disloquée déjà, pour avoir pu s’anéantir tout entière ! »
Une scène allait avoir lieu. Les deux Anglais se dressaient déjà sur leurs ergots, et le capitaine Servadac était bien décidé à ne pas rompre d’une semelle.
Le comte Timascheff voulut calmer ces adversaires, qu’une simple question de nationalité enflammait, mais il ne put y réussir.
« Messieurs, dit froidement le capitaine Servadac, je crois que cette discussion gagnerait à se poursuivre en plein air. Vous êtes ici chez vous, et s’il vous plaît de sortir ?… »
Hector Servadac quitta la chambre et fut immédiatement suivi du comte Timascheff et des deux Anglais. Tous se réunirent sur un terre-plein qui formait la partie supérieure de l’îlot, dont le capitaine, dans sa pensée, faisait un terrain quasi-neutre.
« Messieurs, dit alors le capitaine Servadac en s’adressant aux deux Anglais, si appauvrie que soit la France depuis qu’elle a perdu l’Algérie, elle est en mesure de répondre à toutes les provocations, de quelque part qu’elles lui viennent ! Or, moi, officier français, j’ai l’honneur de la représenter sur cet îlot au même titre que vous représentez l’Angleterre !
— Parfaitement, répondit le brigadier Murphy.
— Et je ne souffrirai pas…