Page:Verne - Hector Servadac, Tome 1.pdf/152

Cette page a été validée par deux contributeurs.

duit fréquemment dans les réjouissances publiques. Mais, cette fois, il n’y eut aucun accident.

Il convient aussi de faire observer que, dans cette occasion, les couches d’air, moins denses, s’ébranlèrent avec moins de fracas sous la poussée des gaz vomis par le canon, et que, conséquemment, les détonations ne furent pas aussi bruyantes qu’elles l’eussent été il y a six semaines, — ce qui ne laissa pas de causer un certain déplaisir aux deux officiers. Plus de ces éclatantes répercussions que renvoyaient les cavités rocheuses et qui transformaient le bruit sec des décharges enroulements de tonnerre. Plus de ces grondements majestueux que l’élasticité de l’air propageait à de grandes distances. On comprend donc que, dans ces conditions, l’amour-propre de deux Anglais, en train de fêter un anniversaire royal, fût compromis dans une certaine mesure.

Vingt coups avaient été tirés.

Au moment de charger la pièce pour la vingt et unième fois, le brigadier Murphy arrêta d’un geste le bras du servant.

« Mettez un projectile, dit-il. Je ne serais pas fâché de connaître la nouvelle portée de cette pièce.

— C’est une expérience à faire, répondit le major,

— Caporal, vous avez entendu ?

— À vos ordres, Votre Honneur ! » répondit le caporal Pim.

Un des servants amena sur un chariot un projectile