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tiers environ. Cela ressortait non-seulement de l’abaissement de la température, mais aussi de l’aspect du disque solaire, qui ne sous-tendait plus qu’un arc visiblement réduit. Vu de Mars, c’est précisément cette même réduction diamétrale qu’il eût présenté à l’œil d’un observateur. On pouvait donc en déduire que la terre arrivait sur l’orbite de cette planète, dont la constitution physique est presque semblable à la sienne. D’où cette conséquence, que la nouvelle route qu’elle était appelée à parcourir dans le monde solaire affectait la forme d’une ellipse très-allongée.

Cependant, ces phénomènes cosmiques ne préoccupaient pas alors les explorateurs de la Dobryna. Ils ne s’inquiétaient plus des mouvements désordonnés du globe dans l’espace, mais seulement des modifications accomplies à sa surface et dont l’importance leur échappait encore.

La goëlette suivait donc, à deux milles de distance, le nouveau cordon littoral, et, vraiment, tout navire poussé à cette côte eût été immanquablement perdu, s’il n’avait pu s’en élever.

En effet, la lisière du nouveau continent n’offrait pas un seul refuge. À sa base, que les longues lames, venues du large, battaient avec violence, il était absolument accore et se redressait jusqu’à une hauteur qui variait entre deux cents et trois cents pieds. Cette base, lisse comme le mur d’une courtine, ne présentait pas une saillie sur laquelle le pied eût pu trouver un point