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M. de Vaudreuil et ses amis observaient attentivement ces allées et venues, dont ils comprenaient bien le motif.

« Ce sont des agents de la police, dit William Clerc.

— Oui, répondit Vincent Hodge, et ils surveillent le fleuve plus activement qu’ils ne l’ont fait jusqu’alors…

— Et peut-être aussi la villa Montcalm ! »

Ces derniers mots venaient d’être murmurés à voix basse, et ce n’était ni M. de Vaudreuil, ni sa fille, ni aucun de ses hôtes qui les avaient prononcés.

En ce moment, un homme, caché entre les hautes herbes au-dessous de la balustrade, se redressa sur la droite de l’escalier, franchit les marches, s’avança d’un pas rapide à travers la terrasse, releva sa tuque, et dit, après s’être incliné légèrement :

« Le Fils de la Liberté qui vous a écrit, messieurs. »

M. de Vaudreuil, Clary, Hodge, Clerc et Farran, surpris par cette brusque apparition, cherchaient à dévisager l’homme qui venait de s’introduire dans la villa d’une façon si singulière. Sa voix, d’ailleurs, leur était aussi inconnue que sa personne.

« M. de Vaudreuil, reprit cet homme, vous m’excuserez de me présenter chez vous dans ces conditions. Mais il importait qu’on ne me vît pas entrer à la villa Montcalm, comme il importera qu’on ne m’en voie pas sortir.

— Venez donc, monsieur ! » répondit M. de Vaudreuil.

Puis, tous se dirigèrent vers le salon, dont la porte fut aussitôt refermée.

L’homme qui venait d’arriver à la villa Montcalm, c’était le jeune voyageur en compagnie duquel maître Nick avait fait le parcours de Montréal à l’île Jésus. M. de Vaudreuil et ses amis observèrent, ainsi que le notaire l’avait fait déjà, qu’il appartenait à la race franco-canadienne.

Voici ce qu’il avait fait, après avoir pris congé de maître Nick, à l’entrée des rues de Laval. En premier lieu, il s’était dirigé vers une modeste taverne des bas