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— Inutile !… Il ne boit que du nectar, et, à moins qu’il ne vous en reste de la dernière récolte !… »

M. de Vaudreuil ne put s’empêcher de rire aux plaisanteries de l’excellent homme qu’il connaissait de longue date, et dont les conseils lui avaient toujours été si précieux pour la direction de ses affaires personnelles.

« Je vais vous laisser avec mon père, monsieur Nick, dit alors Clary.

— Je vous en prie, restez, mademoiselle ! répliqua le notaire. Je sais que je puis parler devant vous, même de choses qui pourraient avoir quelque rapport avec la politique… du moins, je le suppose, car, vous ne l’ignorez pas, je ne me mêle jamais…

— Bien… bien… maître Nick !… répondit M. de Vaudreuil. Clary assistera à notre entretien. Asseyons-nous d’abord, puis, vous causerez tout à votre aise ! »

Le notaire prit un des fauteuils de canne qui meublaient le salon, tandis que M. de Vaudreuil et sa fille s’installaient sur un canapé en face de lui.

« Et maintenant, mon cher Nick, demanda M. de Vaudreuil, pourquoi êtes-vous venu à la villa Montcalm ?…

— Pour vous remettre ceci, » répondit le notaire.

Et il tira de sa poche une liasse de bank-notes.

« De l’argent ?… dit M. de Vaudreuil, qui ne put cacher son extrême surprise.

— Oui, de l’argent, du bon argent, et, que cela vous plaise ou non, une belle somme !…

— Une belle somme ?…

— Jugez-en !… Cinquante mille piastres en jolis billets ayant cours légal.

— Et cet argent m’est destiné ?…

— À vous… à vous seul.

— Qui me l’envoie ?

— Impossible de vous le dire, pour une excellente raison, c’est que je ne le sais pas.