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Ce feu toujours prêt à s’éteindre,
Tantôt blanchâtre ou violet,
Pour reconnaître ce qu’il est,
Il faudrait le pouvoir atteindre…
Atteignez donc un feu follet !

— Oui, dit maître Nick, atteignez-le et mettez-le en cage ! — Continue, Lionel.

On dit, est-ce chose certaine ?
Que c’est l’hydrogène du sol.
J’aime mieux croire qu’en son vol,
Il vient d’une étoile lointaine,
De Véga, de la Lyre ou d’Algol.

— Cela te regarde, mon garçon, dit maître Nick avec un petit signe de tête ! Ça, c’est ton affaire ! »

Lionel reprit :

Mais n’est-ce pas plutôt l’haleine
D’un sylphe, d’un djinn, d’un lutin,
Qui brille, s’envole et s’éteint,
Lorsque se réveille la plaine
Aux rayons joyeux du matin ?

Ou la lueur de la lanterne
Du long spectre qui va s’asseoir
Sur la chaume du vieux pressoir,
Quand la lune, blafarde et terne,
Se lève à l’horizon du soir ?

Peut-être l’âme lumineuse
D’une folle qui va cherchant
La paix hors du monde méchant,
Et passe comme une glaneuse
Qui n’a rien trouvé dans son champ ?

— Parfait ! dit maître Nick. Es-tu au bout de tes comparaisons descriptives ?

— Oh ! non ! maître Nick ! » répondit le jeune clerc.