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sur Lionel, avec l’espoir que leur compagnon de voyage finirait par se mêler à la conversation.

« Eh bien, Lionel, et ce feu follet ? dit-il.

— Ce feu follet ?… répondit le jeune clerc.

— Oui ! J’ai beau regarder à me fatiguer la vue, je n’en vois pas trace sur la plaine !

— C’est qu’il fait trop jour, maître Nick, répondit Lionel, bien décidé à répondre sur le ton de la plaisanterie.

— Peut-être qu’en chantant le vieux couplet de jadis :

Allons, gai, compère lutin !
Allons, gai, mon cher voisin…

Mais non ! le compère ne réponds pas ! — À propos, Lionel, tu connais le moyen de se soustraire aux agaceries des feux follets ?

— Sans doute, maître Nick. Il suffit de leur demander quel est le quantième de Noël et, comme ils ne le savent pas, on a le temps de se sauver, pendant qu’ils cherchent une réponse.

— Je vois que tu es au courant des traditions. Eh bien, en attendant que l’un d’eux intercepte notre route, si nous parlions un peu de celui que tu as fourré dans ta poche ! »

Lionel rougit légèrement.

« Vous voulez, maître Nick ?… répliqua-t-il.

— Eh oui, mon garçon ! Cela fera toujours passer un quart d’heure ou deux ! »

Puis, le notaire, s’adressant au jeune homme :

« Les vers ne vous incommodent pas, monsieur ? demanda-t-il en souriant.

— Nullement ! répondit le voyageur.

— Il s’agit d’une pièce de poésie que mon clerc a fabriquée pour prendre part au concours de la Lyre-Amicale. Ces gamins-là ne doute de rien !… Allons, jeune poète, essaye ta pièce — comme disent les artilleurs ! »