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XII
derniers jours.


La situation des patriotes à l’île Navy était alors extrêmement critique et ne pouvait se prolonger. Ce ne devait plus être qu’une question de jours — d’heures peut-être.

En effet, si le colonel Mac Nab hésitait à tenter le passage du Niagara, il allait rendre intenable le camp des assiégés. Une batterie, installée sur la berge de Chippewa, venait d’être achevée, et les bonnets bleus seraient dans l’impossibilité de lui répondre, puisqu’ils ne possédaient pas une seule bouche à feu. Quelques centaines de fusils — les seules armes dont ils pussent faire usage à distance, pour empêcher un débarquement — seraient impuissantes contre l’artillerie des royaux.

Si les Américains s’intéressaient au succès de l’insurrection franco-canadienne, il était fort regrettable que, dans un intérêt politique, le gouvernement des États-Unis, eût voulu garder la plus stricte neutralité depuis les débuts de la lutte. Lui seul aurait pu fournir les canons qui manquaient aux réformistes ; mais c’eût été provoquer les récriminations de l’Angleterre, à une époque où le moindre incident risquait d’amener une rupture, ainsi que cela se produisit quelques mois plus tard. Les moyens défensifs de l’île Navy étaient par suite extrêmement limités. Même les munitions et les vivres pouvaient lui faire défaut, bien qu’elle fût ravitaillée — autant que les ressources du pays le permettaient — par Schlosser, Buffalo et Niagara-Falls. De là, un incessant va-et-vient d’embarcations, petites