Page:Verne - Famille-sans-nom, Hetzel, 1889.djvu/327

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

conversation dans laquelle la question fut traitée à fond au grand déplaisir de maître Nick.

Tout d’abord, lorsque celui-ci apprit que la tribu préparait une fête en son honneur, il commença par l’envoyer au diable, en compagnie de son clerc.

« Que Nicolas Sagamore daigne se fier aux conseils d’un Visage-Pâle, lui répondit Lionel.

— De quel Visage-Pâle parles-tu ? demanda maître Nick, qui ne comprenait pas.

— De votre serviteur, grand chef.

— Eh bien, prends garde que, de ton visage pâle, je ne fasse un visage rouge avec une bonne taloche ! »

Lionel ne voulut pas même prêter attention à la menace et continua de plus belle :

« Que Nicolas Sagamore n’oublie pas que je lui suis profondément dévoué ! S’il devenait jamais prisonnier des Sioux, des Oneidas, des Iroquois et autres sauvages, s’il était attaché au poteau du supplice, c’est moi qui viendrais le défendre contre les insultes et les griffes des vieilles femmes, et, après sa mort, c’est moi qui déposerais dans sa tombe son calumet et sa hache de guerre ! »

Maître Nick résolut de laisser parler Lionel à sa fantaisie, ayant le projet bien arrêté de terminer l’entretien d’une façon dont ses oreilles porteraient longtemps la marque. Aussi se borna-t-il à répondre :

« Ainsi il s’agit de me rendre aux vœux des Mahogannis ?…

— À leurs vœux !

— Eh bien, soit ! Et, s’il faut en passer par là, j’assisterai à cette fête.

— Vous n’auriez pu vous y refuser, puisque le sang des Sagamores coule dans vos veines.

— Sang de Sagamores mélangé de sang de notaire ! » grommela maître Nick.

C’est alors que Lionel aborda le point délicat.