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protestation contre l’union du haut et du bas Canada avec ceux des deux frères Sanguinet, qui, dix-huit ans plus tard, entre tant d’autres victimes, devaient payer de leur vie cet attachement au parti national. Ils combattirent également par la plume et par la parole, lorsqu’il fut question de réclamer contre l’inique partage des terres, uniquement concédées aux bureaucrates, afin de renforcer l’élément anglais. Personnellement encore, ils luttèrent contre les gouverneurs Sherbrooke, Richmond, Monk et Maitland, prirent part à l’administration de la colonie, et s’associèrent à tous les actes des députés de l’opposition.

Toutefois, en 1825, la conspiration, ayant un objectif déterminé, s’était organisée en dehors des libéraux de la Chambre canadienne. Si Papineau et ses collègues, Cuvillier, Bédard, Viger, Quesnel et autres, ne la connurent même pas, Walter Hodge pouvait compter sur eux pour en assurer les conséquences, si elle réussissait. Et, tout d’abord, il s’agissait de s’emparer de la personne de lord Dalhousie, qui, en 1820, avait été nommé aux fonctions de gouverneur général des colonies anglaises de l’Amérique du Nord.

À son arrivée, lord Dalhousie semblait s’être décidé pour une politique de concession. Sans doute, grâce à lui, l’évêque romain de Québec fut reconnu officiellement, et Montréal, Rose, Régiopolis, devinrent les sièges de trois nouveaux évêchés. Mais, en fait, le cabinet britannique refusait au Canada le droit de se gouverner par lui-même. Les membres du conseil législatif, nommés à vie par la Couronne, étaient tous Anglais de naissance et annihilaient complètement la Chambre d’assemblée élue par le peuple. Sur une population de six cent mille habitants, qui comptait alors cinq cent vingt-cinq mille Franco-Canadiens, les emplois appartenaient pour les trois quarts à des fonctionnaires d’origine saxonne. Enfin, il était de nouveau question de proscrire l’usage légal de la langue française dans toute la colonie.

Pour enrayer ces dispositions, il ne fallait rien moins qu’un acte de violence. S’emparer de lord Dalhousie et des principaux membres du